Les compagnons étaient donc en route, tous ensemble vers l'aventure, mais malgré le beau temps, ils sentaient le danger approcher. Après avoir traversé une rivière, ils aperçurent les hautes montagnes, dont le pied ne semblait plus aussi éloigné qu'il leur avait semblé auparavant. Bilbo, que leur aspect peu engageant inquiétait, pensa qu'ils étaient presque arrivés au terme de leur voyage. Balïn le rassura et lui apprit qu'ils n'étaient que devant les premières montagnes de la chaîne des Monts Brumeux : il leur faudrait les franchir afin d'arriver au pays sauvage, lui-même encore bien loin de la Montagne Solitaire. Bilbo se sentit alors très las, pensant une fois de plus à son agréable trou de hobbit.
Gandalf les guidait afin qu'ils empruntent un bon sentier, où ils pourraient trouver nourriture, repos et sécurité en cours de route. Ils cheminaient donc vers la demeure d'Elrond où ils étaient attendus, car Gandalf y avait fait parvenir un message par l’intermédiaire de ses amis. Mais ils avaient encore un long trajet à parcourir avant de l’atteindre, et la région qu'ils traversaient, triste et monotone, les décourageait. La compagnie arriva bientôt dans un pays changeant, tantôt fait de vallées escarpées et tantôt, de crevasses profondes. Toujours sous la direction de Gandalf, ils suivirent une piste de pierres blanches et arrivèrent soudain devant une pente fortement inclinée. Gandalf semblait avoir trouvé ce qu'il cherchait et ses compagnons entrevirent une vallée odorante et ruisselante en contrebas. Ils descendirent et pénétrèrent dans ce lieu calme et reposant.
Bilbo contempla les étoiles miroitantes, puis un chant leur parvint : il provenait de quelques Elfes qui les invitèrent joyeusement à se joindre à eux et à se reposer. Les Nains, qui d’une manière générale ne les appréciaient guère, leur répondirent un peu brusquement. Bilbo au contraire les admirait, bien qu'il fût en même temps un peu effrayé. Gandalf, quant à lui, discutait gaiement avec eux et ils lui indiquèrent le bon chemin. Bilbo aurait aimé s’attarder et écouter leur chant mais les Nains, affamés, décidèrent de repartir de suite, ce qu’ils firent après avoir traversé un étroit pont de pierre.
Une fois parvenus à la Dernière Maison Simple, ils demeurèrent longtemps dans ce refuge paisible et accueillant, et Bilbo put écouter autant de musique, de chants, d'histoires et de contes qu'il le souhaitait.
Elrond, le maître de maison, était un demi-elfe et, en tant que tel, réunissait toutes les qualités des deux races : ainsi, il tenait des Elfes leur noblesse et leur beauté, et des Hommes, leur force et leur courage ; sa grande sagesse était également reconnue. Après s’être reposés, les compagnons se virent prodiguer conseils, espoir et nourriture pour la suite de leur voyage. Elrond leur apprit que les deux épées trouvées dans la caverne des trolls se nommaient Orcrist et Glamdring. Ces armes très anciennes avaient jadis appartenu aux Hauts Elfes de Gondolin.
Il examina enfin leur carte et découvrit une inscription invisible, sauf sous la lumière de la lune qui brillait ce soir-là. Ils apprirent ainsi comment découvrir la serrure dissimulée sur la porte de la montagne. Après avoir écouté nombre de chants et d’histoires contées par les Elfes, la compagnie repartit le lendemain vers la Montagne Solitaire, à présent mieux informée sur la route qu’il lui restait encore à parcourir.