Le Conte du Soleil et de la Lune
Eriol n’abandonnait toujours pas sa soif de limpë. Il songea souvent à la venue du Soleil et de la Lune et c’est pourquoi il posa la question. Ce soir-là se trouvait une nouvelle invitée : Gilfanon. Lindo commença un nouveau conte après avoir proposé à Eriol de se rendre chez elle, mais il refusa.
Quand Manwë réalisa que Melko avait bel et bien quitté Valinor, il fit cesser la chasse et envoya Sorontur parcourir le monde. Celui-ci revint et lui expliqua que Melko avait rassemblé beaucoup d’esprits du mal et entrepris la construction d’une nouvelle forteresse dans les Montagnes de Fer. Il lui dit qu’il avait vu des navires en dérive et une vaste réunion d’Elfes sur les Grandes Terres. Manwë sut alors que les Noldoli étaient partis pour toujours.
Il réunit les Valar, et tous répondirent à son appel, fatigués et désespérés. Manwë leur transmit les nouvelles de Sorontur mais les Dieux ne purent donner de conseils, car grande était leur fatigue.
Vána, Lórien et leurs serviteurs arrosèrent les arbres morts avec des sources de lumière qui existaient encore. Néanmoins, ils ne revinrent pas à la vie.
On fit alors appel à Yavanna, car l’on pensait qu’elle seule pourrait les ressusciter. C’est alors qu’elle prédit qu’ils ne refleuriraient jamais et elle reprocha aux Dieux de ne penser qu’à Valinor. Manwë, Varda, Aulë et Yavanna tinrent un conclave secret et trouvèrent un fond d’espoir.
Manwë appela le peuple de Valinor et lui expliqua qu’il voulait construire un vaisseau rempli de lumière d’or qui naviguerait dans les airs et déverserait sa lumière sur le monde entier. Aulë et Varda furent choisis pour le construire, mais ils échouèrent, aussi Lórien et Vána demandèrent à Manwë d’ordonner à Yavanna de guérir les Arbres - ce qu’il fit amèrement.
Yavanna reçut de Manwë deux fioles de lumière qu’elle déversa sur les troncs morts. Elle entonna des chants, mais rien n’y fit et elle s’évanouit.
La foule réunie autour des Deux Arbres s’en alla, sauf Vána qui pleurait, agrippée au tronc de Laurelin autour duquel elle avait entortillé ses cheveux d’or. Une pâle lueur naquit à l’endroit où ses larmes coulaient et de là, jaillit une pousse de Laurelin.
Elle s’en émerveilla et les gens arrivèrent en foule en entonnant des chants de joie. Les bourgeons s’ouvrirent et produisirent des feuilles d’or fin. La branche portait une fleur plus grosse que toutes les autres. Ses pétales tombèrent et furent préservés, puis son fruit apparut. Il y eut tellement de fruits que Yavanna ordonna à Aulë de tenir la branche mais celui-ci, aidé de Tulkas, trancha la tige qui retenait ce fruit. Tous, y compris Vána, en furent courroucés, mais alors qu’Aulë les réprimandait, il trébucha. Tulkas lâcha alors le fruit qui se brisa en deux. Aulë expliqua qu’avec lui, il pourrait construire le navire de lumière.
Les Dieux amenèrent donc le fruit dans les ateliers d’Aulë qui bâtit le vaisseau en utilisant son enveloppe avant de le remplir de sa lumière. Vána se repentit de ses dires contre Aulë et coupa ses cheveux d’or qu’elle tissa en une voile pour ce bateau.
Au cours de sa construction, on creusa près de l’endroit où gisaient les Deux Arbres un bassin nommé Faskalan. Yavanna y jeta un sort afin qu’y soit déversée la plupart de la lumière du fruit de Vána.
Manwë se demanda qui conduirait ce navire, car même les Valar risquaient d’être brûlés par sa lumière. Urwendi, alors présente dans la foule, eut une idée et supplia qu’on fasse d’elle la maîtresse du Soleil. Cela lui fut accordé et elle ordonna à ses demoiselles de la suivre.
Elles se baignèrent alors dans Faskalan et devinrent aussi lumineuses que le navire, qui fut monté au sommet du Taniquetil sous la direction de Manwë. La barque s’éleva dans le ciel et tous les environs de Valinor furent submergés de lumière. Le ciel devint bleu, mais les étoiles s’enfuirent.
La gloire du Soleil était grande mais sa clarté n’était pas aussi délicate que celle de Laurelin et un nouveau murmure s’éleva à Valinor, car aucun Dieu n’en était satisfait.
Lórien demanda à Manwë de ramener son navire, cependant, Ulmo dit à Manwë de ne négliger ni les conseils des Dieux, ni son propre avis.
Lórien se tint devant Silpion, en chantant pour lui : une lumière apparut et une branche bourgeonna. Des fleurs poussèrent mais une brume glaciale venue de la mer arriva et gela toutes les fleurs, sauf une.
Lórien ne voulut pas que quelqu’un s’en approche ni que l’on cueille la floraison. La branche se flétrit, se plia et se rompit, entraînant dans sa chute la dernière fleur de Silpion. On demanda à Aulë son gros plateau d’argent et l’on y déposa la rose de Silpion.
Lórien expliqua que le conseil d’Ulmo lui avait inspiré de bâtir un autre navire, grâce à cette rose. Il souhaitait qu’en souvenir de la croissance et de la décroissance des arbres, le navire Soleil puisse naviguer dans le ciel douze heures durant, tandis que la Lune lui succéderait au cours des douze heures suivantes. Le bateau fut construit avec l’aide des anciens Noldoli.
Manwë demanda à Ilinsor, un esprit Suruli, de le piloter. Mais le plan de Lórien fut modifié car la lumière de Silpion n’était pas semblable à celle de Laurelin. Lorsque les Dieux lancèrent le navire dans le ciel, il ne s’éleva pas plus haut que leur tête : en effet, la Rose de Laurelin produisait un miel de lumière qui surchargeait le navire et débordait. Ilinsor devait donc retourner régulièrement à Valinor, car à force de déborder, la Lune n’avait plus aucun éclat. On construisit donc à Valmar un bassin nommé Lac Istinsa, destiné à recueillir cette lumière. A chacun de ses retours, Ilinsor pouvait y puiser.
Les Dieux tirèrent à nouveau ce navire sur les pentes du Taniquetil à l’aide d’un troupeau de chevaux sauvages. On ramena Urwendi et ce fut le premier soir du monde. Le navire de la Lune fut tiré jusqu’à la cime la plus blanche et alors commença la première nuit. Manwë souffla dans les voiles et fit partir le navire au loin.
A la fin du récit de Lindo, on laissa la parole à Vairë, qui annonça le début du conte sur la dissimulation de Valinor.
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