La disparition de Bilbon fut longtemps le sujet de nombreuses discussions dans la Comté. Beaucoup le croyaient mort et en tenaient Gandalf pour responsable.
Frodon vivait seul à Cul-de-Sac et continuait à fêter l’anniversaire de Bilbon chaque année. Il s’entourait d’amis plus jeunes que lui, notamment de Foulque Bophin, Fredegar Bolger, et surtout de Peregrin (ou Pippin) Touque et Meriadoc (ou Merry Brandebouc).
Les années passèrent.
Frodon approchait de ses cinquante ans et récoltait ce qu’il pouvait en informations sur le monde extérieur auprès des Nains, et quelquefois auprès des Elfes qui traversaient la Comté pour se rendre aux Havres Gris, afin d’embarquer vers les Terres Immortelles. Il en ressortit que la guerre menaçait à l’Est et que les Orques se multipliaient à nouveau. Des rumeurs étaient même parvenues jusqu’à la communauté Hobbite dans son ensemble.
Ce fut dans ce contexte que Gandalf réapparut, alors que Frodon ne l’avait pas vu depuis plus de neuf ans. Le magicien lui raconta comment les Anneaux de pouvoir furent forgés en Eregion plusieurs siècles auparavant.
Neuf avaient été donnés aux Hommes, sept aux Nains et trois aux Elfes. Un dernier anneau fut forgé en secret par Sauron, le Seigneur des Ténèbres. Cet Anneau pouvait contrôler tous les autres.
Les Anneaux avaient la capacité de rendre invisible et conféraient une immortalité de l’esprit à leurs possesseurs. Mais ils étaient à la solde de l’Unique, et rongeaient leurs porteurs (exception faite des anneaux elfiques).
Gandalf ajouta que Bilbon n’avait pas conscience du danger que représentait son anneau, et ne se rendait pas compte qu’il lui devait sa longévité. Il expliqua qu’il avait eu un doute quant à sa nature, dès que Bilbon lui avait raconté qu’il l’avait trouvé dans l’antre d’une créature nommée Gollum, à qui il l’avait plus ou moins volé. A cette époque, Gandalf songea à consulter Saroumane le Blanc, chef de son ordre, qui s’était longtemps intéressé aux Anneaux de Pouvoir, mais un pressentiment le retint, et il continua d’attendre.
Gandalf demanda l’Anneau à Frodon, puis le mit dans le feu. Une inscription se révéla alors, qui disait :
« Un Anneau pour les gouverner tous. Un Anneau pour les trouver
Un Anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier. »
Ceci prouva que l’Anneau de Frodon n’était autre que l’Anneau Unique de Sauron.
Or, comme Gandalf l’expliqua à Frodon, Sauron se relevait et ralliait peu à peu ses forces. Mais pour que la domination de tous les peuples libres de la Terre du Milieu lui soit assurée, il lui manquait l’Unique, dont il avait été dépossédé plusieurs siècles auparavant.
En effet, lors de la grande bataille qui l’opposa à l’Alliance des Elfes et des Hommes de l’Ouest, il fut renversé par Gil-galad et Elendil qui périrent au cours du combat.
Isildur, le fils d’Elendil, arracha l’Anneau de la main de Sauron et le prit pour lui. Sauron fut ainsi vaincu. L’Anneau fut perdu lorsqu’ Isildur, pris dans une embuscade tendue par des Orques, tomba dans le fleuve Anduin et mourut à son tour.
Gandalf continua son histoire en racontant à Frodon comment, des années plus tard, Déagol, qui appartenait à un peuple d’origine Hobbite vivant près du fleuve, découvrit l’Anneau au cours d’une partie de pêche. Son ami Sméagol, qui était avec lui lors de sa découverte, le tua et s’en empara. Il fut chassé par son peuple, et vécut dans la solitude pendant plus de six cents ans. On le renomma Gollum, à cause de ses répugnants bruits de gorge. L’Anneau lui dévora l’esprit et exacerba son côté méchant.
Vint le jour où Bilbon le lui vola. Gollum sortit alors de son trou et erra longtemps à sa recherche jusqu’à ce qu’Aragorn, un ami de Gandalf, ne le capturât. Gandalf et Aragorn apprirent alors que Gollum s’était aventuré jusqu’en Mordor, le pays de Sauron, où il fut pris et torturé. L’ennemi sut ainsi que l’Unique avait été retrouvé par un Hobbit de La Comté.
Horrifié par ces révélations, Frodon voulut détruire l’Anneau, mais c’était impossible. Le seul moyen était en effet de le jeter là où il avait été forgé : au cœur de l’Orodruin, la Montagne du Destin.
Frodon voulut le donner à Gandalf, mais celui-ci refusa violemment, par peur d’être tenté. Ils en conclurent que Frodon devait quitter la Comté, et Gandalf lui recommanda de voyager sous le nom de Monsieur Soucolline.
Ils en étaient arrivés à ce point de la discussion lorsque Gandalf surprit le jardinier de Frodon, Samsagace Gamegie, en train d’écouter à la fenêtre. Il le chargea alors d’accompagner Frodon dans son périple.